samedi 24 juillet 2010

Le Vierger - Chap. 2 #1

II Ange

A la suite de cet événement, pas un jour ne se passait sans que Maya ne songea à ce qu‘elle avait vécu. Elle ne savait plus si tout cela avait était réel ou si elle l’avait rêvé. Tout était confus dans sa tête. Une chose était certaine: elle était bien descendu au village ce jour-là, sa mère le lui avait confirmé mais ensuite ce qu’elle y avait fait, elle n’en était plus tout à fait sûre… Avait-elle vraiment traversé cette petite rue si lugubre et avait-elle vraiment vu cette gigantesque demeure avec son splendide jardin ? En y repensant, il était vrai que l’atmosphère y était pesante et vaporeuse, comme dans un rêve. Mais la chose qui la troublait le plus était cet individu si mystérieux qu’elle avait aperçu. Il était si beau... Ces traits figés et parfaits, d’une beauté à la fois fascinante et glaciale. Dans son esprit, l’image qu’elle avait de lui était celle d‘un ange. Non, il ne pouvait pas être réel. Et pourtant, elle se souvenait avec exactitude ce qu’elle avait ressenti en l’apercevant, un mélange de peur et de fascination, elle se souvenait encore de la sensation de son cœur battant la chamade si fort qu’elle cru qu’il allait jaillir de sa poitrine. Jamais son cœur n’avait battu si fort… Ne pas savoir si oui ou non elle avait vécu tout ça la rendait folle. Elle s’était enfermée dans sa chambre. Couchée sur son lit, elle restait des heures à essayer de se souvenir et plus elle y songer, plus cet inconnu envahissait ses pensées jusqu’à ce qu’elle ne pense plus qu’à lui. En réalité, il l’obsédait. Elle voulait tout savoir de lui, tout connaître: qui il était, quel était son nom, si ce somptueux domaine lui appartenait, ce qu’il faisait dans la vie etc. Toutes ses questions lui brûlaient les lèvres, elle voulait savoir et c’était une soif qu‘il lui fallait assouvir…
Sa mère n’était au courant de rien. Bien qu‘elle se fit du soucis pour sa fille, celle-ci ne daigna rien lui dire, elle n’avait pas voulu la mettre dans la confidence, elle voulait que cela reste secret, un secret qu’elle ne partageait qu’avec lui et lui seul. Elle ignorait la raison de sa fascination pour cet homme mais celle-ci ne cessait de croître. Et peu à peu elle ressentait un réel besoin de le revoir…
Alors chaque jour, lorsqu’elle se promenait dans le village comme à son habitude, elle retournait à l’endroit qu’elle avait découvert quelques jours auparavant, preuve que, cela au moins, elle ne l’avait pas imaginé… Elle s’arrêtait devant la petite rue sombre, le vent s’y engouffrait avec un sifflement aigu. C’était comme si la rue l’appeler, qu’elle voulait l’attirer vers elle, l’aspirait. Et malgré son irrépressible envie d’obéir au chant du vent, elle se résignait toujours à y retourner car en vérité elle avait peur… Non pas peur que toutes ces choses étranges et inexplicables ne soient réelles mais justement peur ce ne soit pas réel et que tout cela n‘existe que dans son esprit. Oui, c’était cela sa plus grande angoisse, que cet endroit qui la fascinait tant n‘existe pas, que lui n‘existe pas. C’est alors qu’un jour, l’envie d’en avoir le cœur net fut trop forte et elle décida d'y retournait.

***
Comme elle pouvait s’y attendre, la rue était déserte. Elle la traversa avec prudence. Ses jambes semblait la porter toutes seules. Elle fut un peu rassurée de voir que le lieu lui paraissait familier et identique à l’image qu’elle en avait. Cela prouvait au moins qu’elle ne l’avait pas inventer. Lorsqu’elle arriva sur la petite route de cailloux blancs, le brouillard s’intensifia. Elle marcha d’un pas prudent mais décidé jusqu’à la demeure. A sa grande surprise, elle ne sembla pas perdue et savait exactement où est-ce qu’elle allait. Mais elle n’eut pas le temps d’arriver à la propriété qu’il était déjà là, au milieu du chemin. Malgré l’épaisse brume, il semblait l’avoir entendue arriver car il la fixer de son regard de braise. En l’apercevant, elle s’arrêta, son rythme cardiaque s’accéléra, les muscles de son visage se crispèrent, ses membres se paralysèrent. Son cœur s’emplit alors de joie. Il était bel et bien réel. Au fond d’elle, elle était soulagée mais elle ne parvint cependant pas à sourire tant être face à lui la mettait mal à l'aise. Elle serra les poings s‘attendant à ce qu‘il dise quelque chose, qu’il l’interroge ou la salue mais il n’en fit rien, il restait là, statique, à la regarder silencieusement, un léger sourire se dessinait sur ses lèvres tandis qu’elle sentait une vague d’angoisse la traverser, de grosses gouttes de sueur roulèrent dans son dos et sur son front. Alors, elle serra plus fort les poings et inspira profondément afin de se donner du courage. D’une voix hésitante, elle souffla un « bonjour », l’homme leva la tête quelque peu surpris puis lui sourit. Son sourire avait quelque chose de dérangeant, d’inquiétant. Elle se risqua à le regarder dans les yeux. Son regard se perdit dans les ténèbres de ses prunelles et c’est comme si d’un regard il avait aspirait tout son être. Elle ne sentait plus son corps, semblait flotter. Elle cligna un instant des paupières et c’est comme si le temps s’était arrêté, elle avait tout oublié, il n’y avait plus qu’eux deux, seuls et plus rien d'autre n’existait. Un autre battements de cils et une image lui apparut devant les yeux, leurs corps s’enlaçaient, leurs bouches s’embrassaient avec fougue. Cela semblait si réel, elle avait conscience que ce n’était qu’une image mais elle ressentait la sensation de son corps contre le sien et de ses lèvres sur les siennes, ce baiser brûlant, passionnel, le plaisir que cela lui procurait et son cœur qui battait à une vitesse affolante. Elle cligna une ultime fois des paupières et la réalité refit surface. Le sang lui monta aux visage, son souffle se fit court. Que venait-il de se passer ? Elle regarda son interlocuteur, décontenancée, cherchant une réponse mais lui restait impassible, comme si rien n‘avait eu lieu… Donc, ce n’était que son imagination… mais pourquoi était-ce si réel… Elle réalisa cependant que cette image était le reflet de son désir profond… Elle baissa les yeux, gênée. En attendant, une ambiance vaporeuse, fiévreuse s’était désormais installée autour eux. Maya tremblait, ses jambes semblaient être de coton et sa tête, peser une tonne.
« Bonjour. » Lui répondit-il à son tour. Sa voix était sensuelle et veloutée, un doux baryton qui résonna aux oreilles de la jeune fille telle une douce mélodie qui la fit frémir de plaisir. Un petit sourire espiègle flottait sur son visage.
« Vous venez d’arriver dans la région n’est-ce pas ? Reprit-il.
-Oui, souffla-t-elle, elle était intimidée mais sembla soudainement plus à l‘aise, elle réussit à articuler quelques mots. Comment le savez-vous ?
Il rit avec légèreté.
-Eh bien, je ne vous avez encore jamais vu par ici, tout simplement. Alors comme ça mon domaine vous plaît ?
Elle le contempla, interloquée. Les muscles de ses bras étaient encore tendus. Comment savait-il que son domaine lui plaisait ? Elle ne l’avait pourtant jamais mentionné…
« Oh…oui, c’est un endroit splendide. Et puis, quel contraste avec l’atmosphère lugubre du village.
-Oui, c’est vrai, dit-il avec un sourire. Voulez-vous que je vous fasse visiter ?
Cette question la mise mal à l’aise, elle frissonna. Pourquoi voulait-il faire visiter son domaine à une parfaite inconnue ? Par simple politesse ou avait-il des arrières pensées ? Elle le regarda, il la fixait en souriant, attendant une réponse. Son sourire la charma, quel homme aimable ! Qui pouvait croire qu‘il était mauvais ? Bizarrement, elle avait confiance en lui. Elle inspira profondément et lâcha un timide « oui ». L’homme sourit, de son sourire si surréaliste qu’il aurait pu faire fondre même la pire des mégères. Il s’avança alors jusqu’à l’entrée du domaine et s’enfonça dans la grande allée. Elle le suivit. Tout en marchant, elle admirait les parterres de fleurs de toute beauté. Rien qu’à les regarder, un doux sourire flottait sur son visage. Voir de belles fleurs la mettait de bonne humeur. Les roses rouges attirèrent tout particulièrement son attention. Ce qu’elles étaient magnifiques ! Comment des roses pouvaient-elles être d’un tel éclat ! Cet homme devait être un magicien. Sans s’en rendre compte, elle s’arrêta devant les rosiers, humant le parfum qui s‘en dégageait..
L’homme s’approcha d’elle.
« Vous aimez ? » lui demanda-t-il de sa voix suave qui la fit frémir.
Il se pencha alors vers les rosiers et coupa une fleur. Elle le regarda faire. Puis il se releva et lui tendit la rose.
« Tenez, elle est pour vous. »
Elle regarda la fleur, surprise, puis le regarda lui. Elle rougit légèrement. Ce geste lui fit énormément plaisir.
« Mer…merci. Murmura-t-elle sans oser le regarder dans les yeux. C’est la première fois que l’on m’offre des fleurs, surtout une rose rouge c’est…c’est une fleur très…spéciale. »
Elle la lui prit des mains. Leurs doigts se frôlèrent. Elle tressailli. Le contact de sa peau sur la sienne était exaltant. Ses joues s’empourprèrent. Elle contempla la rose. Elle était d’un rouge éclatant et ses pétales pareil à du velours. Elle porta la rose à son visage pour en sentir l‘arôme. Il était doux et sucré, elle ferma un instant les yeux et sourit. L’homme se pencha alors vers elle.
« De rien. » lui susurra-t-il à l’oreille.
L’adolescente frissonna. Son souffle frais lui chatouilla les narines, son odeur était enivrante. Elle sourit, extasiée.

dimanche 6 juin 2010

Le Vierger - Chap. 1 fin

Tous les jours, Maya se rendait au village, histoire de se distraire et de prendre l’air mais surtout de pouvoir observer les villageois, comprendre pourquoi les gens d’ici étaient si curieux et cela l’enthousiasmait tout particulièrement, elle semblait avoir trouver de quoi occuper ses journées si monotones. A chaque fois, elle ne croisait pas grand monde… Les rues étaient désertes, elle ne voyait passer aucune voiture, toutes les fenêtres des maisons avaient les volets fermés, les commerces ouverts étaient rares et très peu fréquentés. La ville paraissait morte.
Parmi les gens qu’il lui arrivait de rencontrer, aucun n’avait l’air souriant ou sympathique, tous étaient moroses et marchaient avec nonchalance, en traînant des pieds, ils semblaient sans vie, comme animés par une force mystique. Maya avait toujours été rationnelle et gardait les pieds sur terre mais, et elle ignorait pourquoi, les fantômes avaient toujours étaient sa grande hantise, elle avait beau se convaincre de leur inexistence elle ne pouvait s’empêcher d’en avoir le doute et cette fois-ci il lui était difficile de ne pas reconnaître que ces gens-là lui donnait la désagréable impression d’être des revenants… Elle avait tenté de les saluer mais n’avait eu droit en réponse qu’à des regards d’une noirceur glaciale, remplis de crainte. Pas un seul n’avait daigné lui répondre, ils baissaient la tête et passaient leur chemin comme si de rien n’était. Et si elle avait affaire à une ville fantôme ? A cette pensée, un frisson parcouru tout son corps. « Tu parles d’un havre de paix ! Pensa-t-elle, ce village n’a rien d’attirant ou d‘accueillant, il est surtout terrifiant… » Elle avait alors décidait de mener sa petite enquête. Elle voulait trouver une explication logique, une explication rationnelle, elle voulait être certaine que tout cela n’avait rien de surnaturel, qu’il n’y avait ni fantôme, ni malédiction et que ce n'était que le simple fruit de son imagination débordante. Chaque jour, elle arpentait donc les vieux trottoir pavés du petit village à la recherche de la moindre piste. Elle préférait encore savoir qu’un tueur en série sévissait dans les parages plutôt que de découvrir que cet endroit était vraiment hanté… Il fallait qu’elle interroge les habitants, sans doute étaient-ils les mieux placés pour la renseigner.
Elle croisa, un jour, une vieille dame au teint palot mais qui avait l’air plus avenante que toutes les personnes qu’elle avait croisé jusqu’à présent. Elle l’arrêta en posant sa main sur son bras maigre.
- Excusez-moi, madame… lui dit-elle d'un ton très poli.
Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que la vieillarde, repoussant brutalement la main de Maya, la regarda droit dans les yeux et lui dit d'un ton presque méprisant mais surtout empreint d'une angoisse imcompréhensible.
- Tu ne dois pas rester ici, les jeunes filles comme toi ne doivent pas sortir seules. Va-t’en, rentre chez toi et ne remet plus jamais les pieds ici ! Elle parlait tout bas, comme si personne ne devait entendre. Puis elle s’en alla à toute hâte sans attendre la réaction de la jeune fille, regardant nerveusement autour d'elle comme pour s'assurer que personne n'avait été témoin de la scène. Maya frémit. Était-ce une mise en garde ? Fallait-elle qu’elle la prenne au sérieux ? En tout cas, cela la conforta dans son opinion, il se passait des choses bien sombres au village, à tel point que les gens en étaient terrorisés et osaient à peine mettre un pied dehors… Mais cela n’arrêta pas l’adolescente, son désarroi était si grand et sa vie avait tellement peu de sens que le danger ne l’effrayait désormais plus. Au contraire, elle aimait aller jusqu’au bout de sa peur, la surpasser. Cette montée d’adrénaline dans le sang, son rythme cardiaque qui s‘accélérait, ces frissons qu’elle ressentait lorsqu’elle s’aventurait dans les rues isolées et sinistres, c’était ce genre de sensations qu’elle recherchait parce que cela lui rappelaient à quel point elle était vivante.

***

Un après-midi, alors qu’elle effectuait sa promenade quotidienne, elle se retrouva, par hasard, dans un quartier où elle n’avait encore jamais mit les pieds. Elle s’arrêta, elle était quelque peu désorientée. Elle pensait pourtant avoir visiter le village dans ces moindres replis. Ce coin était encore plus désert et angoissant que tout le reste du village. Elle resta immobile un instant, effectuant des tours sur elle-même afin d’inspecter les alentours. Elle pensa un moment rebrousser chemin mais son goût pour le risque pris le dessus et elle décida de poursuivre sa route. Là, il y avait une petite rue étroite et sombre, le vent s’y engouffrait provoquant un courant d’air frais, chargé de poussière. Maya s’y engagea. La rue était recouverte d’une épaisse brume blanche, elle ne pouvait pas voir à plus d’un mètre devant elle et avançait d’un pas prudent. La rue semblait bordé d’habitation, de vieilles maisons en pierre noires. Elle se demanda sérieusement qui pouvait vivre dans un tel endroit. La voie déboucha ensuite sur un chemin de gravier blanc. Autour d’elle, la brume s’était encore épaissie ne lui permettant même plus de distinguer ce qui l’entourait à part quelques ombres, très certainement celles d’arbres, et les petits cailloux blancs sous ses pieds. Elle continua cependant d‘avancer, sans se retourner. L’endroit était très isolé, comme si toutes formes de vie y avait disparues. Elle se rendit vite compte que ce chemin l’éloignait du village. Elle hésita à faire demi-tour, une partie d’elle-même lui criait de s’enfuir à toute jambe tandis que l’autre la poussait à continuer. C’était finalement la seconde option qui l‘emporta et elle s‘enfonça dans la brume, toujours d’un pas prudent mais cette fois déterminé.
Alors qu’elle marchait, quelque chose attira son regard. Le paysage semblait avoir changé. Une ombre noire d’une taille importante se dessinait à travers la nuée. Ce n’était pas celle d’un arbre. Elle avança encore avec prudence jusqu’à ce qu’elle pu distinguer ce à quoi correspondait l’ombre. Elle découvrit alors avec ébahissement une gigantesque demeure qui se détachait dans le brouillard. C’était une vieille bâtisse, toute blanche, dans un style néo-orléanais. Devant, il y avait une allée qui, très certainement, s‘avançait jusqu'à l‘entrée de la maison. Il n’y avait ni clôture, ni portail délimitant le terrain ou signalant l‘entrée dans une propriété privée. Au début de l‘allée, était seulement plantée une vieille pancarte en bois sur laquelle était gravé en caractère grossier «Le Verger», sans doute était-ce le nom de cette propriété. Maya s’avança sans hésitation dans l’allée, prise d‘une irrésistible curiosité. Elle constata à mesure qu’elle marchait, que le brouillard s’était nettement désépaissi. Elle pris alors le temps de contempler les alentours. Bien que l’endroit sembla inhabité, il était pourtant très bien entretenu. En effet, la demeure était entourée d’un immense jardin très soigné: des haies, taillées avec une redoutable précision, bordées l’allée, juste devant il y avait des parterres de fleurs exotiques, aux couleurs vives et chatoyantes et des rangées de cyprès hauts et très parfumés, délimitaient plus ou moins la jardin. Mais ce qui retint le plus l’attention de Maya était ces carrés de rosiers disposés de façon symétrique de chaque côté de l’allée. Les roses étaient d’une telle beauté, elles semblaient de velours et étaient d’un rouge lumineux et éclatant ce qui était presque choquant en comparaison de la perpétuelle grisaille qui recouvrait les lieux. Au fond, derrière le jardin, il y avait des arbres fruitiers, verts et très feuillus, ce devaient être des pommiers, les fruits y paraissaient énormes. Maya fut fascinée par telle splendeur, elle resta là quelques instants à admirer ce tableau parfait qui avait presque quelque chose de féerique. Elle ferma les yeux et inspira profondément, laissant l’arôme velouté des roses l’enivrer. Elle n’avait pas vu pareille merveille depuis bien longtemps, en fait la dernière fois qu’elle avait vu un tel paysage c’était lorsqu’elle était partie se balader à la campagne avec son père, elle devait avoir pas plus de douze ou treize ans. Il faisait chaud ce jour-là, c’était l’été et les champs étaient verts et fleuris. Elle se souvint alors, avec mélancolie, sa réaction démesurée lorsqu’elle avait vu un papillon, il était énorme et coloré. Les yeux écarquillés et la bouche en cœur, elle avait essayé de l’attraper en lui courant après avec ses souliers à talon et sa robe qu‘elle s‘efforçait de ne pas piétiner en la tenant remontée. Son père avait ri d’elle ce qui l'avait un peu vexée, elle lui avait demander ce qui le faisait tant rire, il avait simplement répondu que c’était parce qu’il la trouvait tout à fait adorable, sa moue boudeuse s’était alors dissipait et tous deux s‘étaient esclaffés.
Sortie de sa rêverie, elle voulut visiter un peu les lieux, elle fit quelque pas hésitants dans l’allée puis regarda à gauche, à droite puis derrière elle et ne voyant personne aux alentours, elle décida de s’aventurer dans la propriété. Elle avait très envie de découvrir qui pouvait bien vivre dans un tel endroit, elle voulait voir à quoi cette personne ressembler, si elle était accueillante, à l’image de sa propriété ou plutôt étrange à l’instar des villageois. Et cette curiosité l’obsédée, une frénésie qu’elle ne sut expliquer et à laquelle elle ne pouvait résister. Mais à peine avait-elle fait cinq pas qu’elle aperçut une silhouette sombre dans l’allée. C’était celle d’un humain sans aucun doute. Elle aurait pourtant juré qu’un instant auparavant il n’y avait personne mais avec tout ce brouillard difficile d’en être sûre… Elle fit encore quelques pas jusqu'à distinguer parfaitement l‘homme qui se tenait devant elle. Elle se figea. Il s’approcha d’elle et elle put alors discerner son visage. C’était un homme d‘une vingtaine d‘années en apparence. Il était d’une beauté troublante, presque qu’effrayante. Il avait le teint blafard, ses cheveux clairs, mi-longs, flottaient au vent, laissant apparaître des traits fins et une mâchoire carrée. Ses yeux était d’un noir d’encre et ses lèvres, fines et lisses, avait une étrange teinte rouge qui contrastait avec la pâleur maladive de son visage. Son corps semblait à la fois mince mais costaud, il était assez grand et vêtu de façon très élégante bien que démodée. Il se tenait droit, le torse bombé. Il la regardait fixement, d'un air grave. Il avait l’allure d’un fantôme. Maya était paralysée de stupeur. Elle regarda longuement l’inconnu, déconcertée et interloquée, c’était comme si ces yeux l’aspiraient, l’hypnotisaient. Etait-elle victime d’une hallucination ? L’homme paraissait si irréel. Il restait immobile et silencieux, pareil à une statue de marbre, se contentant de lancer vers elle des regards insistants qu‘elle ne sut décrypter. Elle reprit alors ses esprits, son cœur eu un sursaut d’effroi. Elle se détourna brusquement du visage de l‘homme et prit soudain conscience qu’elle était sur une propriété privée, sûrement la sienne, et qu‘elle n‘avait rien à y faire. Elle regarda derrière elle, s’enfuir était sans aucun doute la meilleure solution. Elle promenait nerveusement ses yeux sur l’inconnu, ne voulant croiser son regard, elle ne savait quoi lui dire, aucun mot ne voulait sortir de sa bouche, puis, prise de panique, elle tourna les talons et s’enfuit en toute hâte en direction du village.

samedi 1 mai 2010

Le Vierger - Chap. 1 #2

C’est ici qu’elles descendaient. « Tout de même quel nom étrange pour un village.» pensa Maya. Le train s’arrêta sur le quai d’une gare de campagne, petite et assez vieille qui ne semblait pas avoir était rénovée depuis sa construction. Elles sortirent de la voiture. La grosse horloge du hall indiquait quinze heures dix. Cela faisait déjà sept heures qu’elles voyageaient ? Maya n’avait pas vu le temps passer. Elles sortirent de la gare chargées de leurs bagages et découvrirent le village de Birdckame. Elles arpentèrent les rues étroites et pavées qui sillonnaient à travers le village tout en observant, ébahies, ce qui les entourait. Les premières impressions de Maya furent plutôt négatives, elle trouva cet endroit bien triste… Le temps était orageux et une épaisse brume recouvrait tout. Les maisons étaient en pierre, elles semblaient très vieilles et étaient d‘un gris sale, le paysage manquait affreusement de couleurs… Les rues étaient étonnement désertes, pas un seul passant, pas une seule boutique ouverte, pas une seule voiture, pas même un chat…

« Quel endroit sinistre… » lâcha Maya au bout de quelques minutes, d‘une voix crispée.
- Ah oui tu trouves ? Répondit sa mère d’un ton léger. Moi je le trouve au contraire plein de charme. »

C‘est vrai, c‘était le genre d‘endroit qui plaisait à sa mère… Cette réponse n’étonna guère la jeune fille. Mais tout de même l’atmosphère du village était si pesante et tellement lugubre… Maya s’agrippait au bras de sa mère, elle ressentait comme des ondes négatives planer autour d’elle et cela la rendait nerveuse.

« Voilà, normalement nous y sommes bientôt. C’est par là. » dit sa mère en montrant du doigt une colline située juste à la sortie du village.

La maison se trouvait au sommet de cette colline, à l’orée d’un bois. Le chemin pour y accéder était pentu et scabreux. C’était une vieille bâtisse de pierre mais elle était moins grise que les maisons du village et très bien entretenue ce qui rassura un peu Maya. Autour, il y avait un petit jardin avec une belle pelouse verte et deux modestes parterre de fleurs de toutes couleurs et de toutes variétés confondues. Mais même les fleurs semblaient ternes ici… elle soupira.

Une fois rentrées dans la maison, elles découvrirent un ravissant hall, en face de la porte d’entrée, il y avait un vieil escalier en bois noir qui conduisait très certainement à l’étage où se trouvaient les chambres. Sur la gauche il y avait le salon, éclairé par une grande baie vitrée qui donnait sur le jardin. Elles déposèrent leurs affaires dans un coin de la pièce. « Regarde Maya, il y a une cheminée ! » s’exclama sa mère d’une voix enjouée. L’adolescente fit mine de se réjouir mais ce n’était ni cette cheminée, ni cette maison, ni même ce village qui pourrait lui redonner le sourire. Elle examina la pièce. Elle était vide. On pouvait voir ça et là des formes plus claires dessinées sur les murs, les traces laissées par les meubles autrefois installés ici. Sa mère avait bien pris soin de n’emporter avec elle aucun meuble, aucun objet de décoration. Tout éléments susceptibles de rappeler leur vie passée étaient proscrits. Cette pièce n’était donc pas prête d’être meublée. Maya baissa la tête et soupira tristement. Elle s’arrêta devant la grande baie vitrée et le regard vide, elle contemplait l’extérieur, cette nature éteinte et froide qui les entourait lui donnait la chair de poule et très vite la mélancolie la gagna. Sa mère était déjà en train de faire brûler du bois dans la cheminée et une odeur familière de fumée envahie alors l’espace. La maison parut soudain plus chaleureuse et Maya fut submergée par l‘émotion, elle avait le cœur lourd et ses yeux se remplirent de larmes. « Non ! Pensa-t-elle, je m’étais jurée de plus jamais pleurer ! » D’un geste rapide de la main elle essuya ses yeux et monta à l‘étage pour s‘enfermer dans une pièce vide désormais devenue sa chambre. Cette atmosphère douce et réconfortante lui avait rappelé l’époque où ils se retrouvaient en famille autour d’un feu, l’époque où elle était encore insouciante, l’époque où elle savait encore rire… « Il ne faut pas que maman me voit comme ça ! Se dit-elle à elle-même pour se redonner courage. Il faut que je me reprenne, ce n’est pas le moment de se laisser abattre ! » Elle avança vers la fenêtre de la chambre, le parquet usé grincait sous ses pieds. Elle tourna la poignée de la fenêtre qui s’ouvrit dans un nuage de poussière. Elle toussota puis se pencha sur le rebord pour voir le paysage. Cette fenêtre donnait sur l’épaisse et sombre forêt, un frisson la parcourut et elle ferma la fenêtre en toute hâte.

Les jours passaient le plus ordinairement du monde. Petit à petit, elles avaient installé les quelques affaires qu’elles avaient et elles commençaient à se sentir chez elles. Sa mère occupait ses journées à jardiner et à s’occuper de ses corbeaux, cela semblait la rendre heureuse, Maya la surprit même à siffloter gaiement, il lui sembla que sa mère souriait plus souvent depuis qu’elle vivait ici et Maya était contente, après tout, c‘est tout ce qui comptait: que sa mère soit heureuse. Elles coulaient des jours paisibles, en retrait de la ville, comme s’il n’y avait plus qu’elles au monde. Cela leur permit de se retrouver. Leurs conversations entre mère et fille avait manqué à Maya, cela faisait bien longtemps qu’elles n’avaient pas autant discuté et cela avait l’air d’avoir aussi manqué à sa mère. Bien souvent, ce qu’elles se racontaient n’était pas très intéressant mais elles avaient retrouvé le plaisir de converser toutes les deux. Le contact extérieure et la compagnie d’autrui ne paraissait manquer ni à l’une, ni à l’autre. Mais bien que la solitude lui convenait parfaitement, Maya trouvait cependant étrange qu’elles soient si isolées. Personne n’était venu leur rendre visite depuis leur arrivée, pas même le facteur… comment était-ce possible que dans un si petit village, personne ne soit au courant qu’il y ait de nouveaux arrivants ? C’était complètement invraisemblable. Un jour, elles étaient descendus au village faire quelques courses. La ville la plus proche se situant à plus de quarante kilomètres, elles ne pouvaient pas s’y rendre souvent, alors l‘épicerie du village semblait être la meilleure solution. Elles avaient été fort étonnées de ne croiser que très peu d’âmes dans les rues mais le peu qu‘elles virent était loin d’être rassurant. Tout comme le village, les villageois étaient mornes, peu loquasses voire même carrément antipathiques et même leur teint était grisâtre et puis ils avaient de drôles d’airs, comme s’ils venaient de vivre un drame effroyable, ils les dévisageaient tous de leurs yeux ternes et inexpressifs. Maya était horrifiée par ce spectacle… Elles s’étaient donc arrêtées à l’épicerie du village. C’était une vieille dame qui la tenait, son visage était si ridée, son teint si blanc et son corps si petit et frêle qu‘elle avait l‘air d‘un mort-vivant. Lorsqu’elle les vit arriver, elle leur lança un regard noir de derrière son comptoir, les examinant de la tête aux pieds puis de ses lèvres pincées elle leur dit d’une voix chevrotante et glaciale: « Je ne vous ai encore jamais vu par ici, vous venez d’arriver dans la région ? » Maya et sa mère s’étaient regardées et avait hoché la tête en guise de réponse, la vieillarde ne répondit rien, pas même un mot pour leur souhaiter la bienvenue, elle se contenta juste de leur dire combien elles lui devaient en les regardant de façon hautaine et une fois qu‘elles sortirent, elle ne prit même pas la peine de les saluer. « Eh bien, ils ne sont pas très accueillants les gens d’ici… » avait alors dit sa mère. Maya, elle, pensait que c’était bien plus que ça… Les habitants d’ici ne devaient pas aimer les étrangers, comme dans ces romans policiers où l’histoire se déroule dans un village sinistre et isolé et où les nouveaux arrivants sont le commencement d‘une longue série de meurtres. Cette pensée lui fit froid dans le dos, elle détestait ce genre d’histoire mais l’atmosphère de Birdckame était étrangement comparable à celle des villages de ces romans. Ou alors peut-être ce village était-il maudit ? Cela aussi elle l’avait lu dans un roman, l’histoire du village maudit… un thème repris mainte et mainte fois… C’était ridicule, elle le savait et elle voulait s’en persuader mais tout cela était tellement bizarre, tellement irréaliste que c’était la seule explication qu’elle avait, jusqu’à présent, trouver… Alors pour se rassurer elle se disait que peut-être était-ce les villageois qui étaient très superstitieux et croyaient que l’arrivée d’étrangers était signe de mauvais présage. Après tout c’était plausible, ce village loin de tout, à l’écart du monde, isolé en pleine campagne, à plusieurs dizaines de kilomètres des villes, il n’était pas impossible que les habitants soient si arriérés...

mercredi 7 avril 2010

Le Vierger - Chap. 1 #1

Bonjour bonjour =D

Oui ça fait longtemps que je n'ai pas posté ici ! Je néglige un peu ce blog :/ Mais bon j'avoue que je n'ai pas trop le temps d'écrire en ce moment...

Enfin bref voilà une histoire que j'ai commencé à écrire il y a quelques mois déjà mais qui depuis n'avance guère :/ En fait c'est un roman que je compte publier un jour quand je l'aurais terminé ce qui n'est donc pas pour tout de suite... x3 Cependant c'est une histoire qui me tient vraiment à coeur, j'ai souvent eu des idées pour écrire un roman, j'ai parfois commencé mais ce sont des projets qui n'ont jamais vraiment aboutis alors j'espère que cette fois c'est la bonne =D

Bref, bref ! Voilà la première partie du chapitre 1 ;)
J'attends vos avis avec impatience et je suis bien sûr ouverte à toutes remarques, positives comme négatives, n'hésitez pas à me faire part de vos idées pour améliorer la forme, le contenu etc...
Et j'espère quand même que cette première partie vous donnera envie de lire la suite ! ;)

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Le Vierger


I Birdckame

Une lumière blanche, éblouissante traversa les rideaux de lin et la pièce s’illumina brusquement. Le soleil venait de se lever. Emmitouflée sous la couette, la jeune fille ne daigna pas pour autant se réveiller. Une femme rentra dans la chambre d’un pas pressé.
« Maya ! Maya ! Allez debout, enfin ! Nous allons être en retard !
-Hum… laisse-moi encore dormir, maman ! Il est tôt et puis ce sont les vacances !
-Mais, tu n’as pas oublié tout de même ? Nous partons dans une heure ! Alors dépêche-toi, nous allons finir par manquer notre train… »

C’est non sans mal que l’adolescente de hissa hors du lit. Elle enfila ses pantoufles et se dirigea vers la porte. Pensive, elle s’arrêta un instant devant la fenêtre et elle regarda le ciel encore peint de reflets rouges. C’est vrai, c’est aujourd’hui qu’elle partait, qu’elle quittait sa ville natale, son école, ses amis, sa famille, toute sa vie… Mais cela ne la rendait pas triste, en fait elle n’éprouvait rien. Depuis la mort de son père plus rien n’avait d’importance, sa vie n’avait plus de sens, elle aurait voulu se laisser crever, comme un chien, se laisser crever de faim et de soif. Mais si elle ne le faisait pas, c’était par amour pour sa mère, si elle aussi la quittait sa mère ne s’en remettrais certainement pas et cette idée lui était insupportable… Alors elle décida de la suivre et ne montra aucune réticence lorsque celle-ci décida de quitter cette ville pour aller s’installer loin, très loin d’ici, dans la campagne. Elle pensait que ce serait bien pour elles de s’éloigner de cet endroit chargé de souvenirs, Maya, elle, n’en était pas convaincu, de tout façon elle ne pouvait être bien nulle part…

« Maya ! Tu n’es toujours pas prête ! Mais qu’est-ce que tu fabriques ! Nous devons être à la gare dans une demi-heure, le chauffeur est déjà là !
-Ça va, ça va, j’arrive !
-Bon très bien, je t’attends en bas alors. »
Elle regarda sa mère descendre le vieil escalier de bois. Quelque chose attira cependant son attention.
« Oh non ! Maman ! Ne me dis pas que tu emmènes ces deux affreuses bestioles ! S’exclama la jeune fille en voyant la cage en fer forgé noir que tenait sa mère.
-Bien sûr que si ! Ils font partis de la famille, il est hors de question que je me sépare d’eux !
-Mais ce sont des corbeaux ! Ce sont des animaux faits pour vivre dehors, en liberté et non en captivité ! Et puis, moi, ils me dégoûtent !
-Oh laisse-moi ! Je n’ai pas d’ordre à recevoir de ta part de toutes manières ! »

Depuis la mort de son mari, Mme Blackburry était devenue dépressive et avait parfois un comportement insensé qui pouvait même aller à l‘encontre de toute morale. Elle ne portait désormais plus que des vêtements noirs et se passionnait pour le macabre. Ces deux corbeaux, elle les avaient recueillis un jour d’hiver enneigé. Ils étaient là, à s’attaquer. Blessés et affamés par le froid, c’était aux plus résistant des deux que devait revenir le privilège de dévorer son semblable. La pauvre femme s’était alors prise d’affection pour les deux oiseaux, les avait soignés, nourris si bien qu’ils restèrent auprès d’elle. Une relation fusionnelle s’était alors installée entre elle et ces bêtes au point qu’elle les traitait comme ses propres enfants et prenait même un plaisir malsain à les voir déchiqueter la charogne avec autant de hargne et de violence. Maya l’avait mise en garde en lui disant qu’un jour ce pourrait être elle qui soit à la place de cette charogne, elle avait ri et lui avait répondu que mourir en se faisant manger par ses propres oiseaux pouvait sûrement être la plus belle mort qu’elle pouvait souhaiter.

Elles arrivèrent à la gare juste à temps. Dans le train, les yeux rivés sur le paysage qui défilait à une allure folle, Maya laissa son esprit divaguer. Des milliers de pensées l’envahirent mais des pensées finalement bien futiles. Cependant, pas une fois elle ne se demanda à quoi allait ressembler sa vie là-bas, si sa maison et son lycée lui plairaient, si elle allait se faire des amis enfin toutes ces questions que se posent tout adolescent normal qui emménage dans une nouvelle ville. Mais Maya, elle, ne se considérait pas comme normale, enfin pour elle tout ça n’avait pas d’importance, rien n‘avait plus d‘importance…

« J’espère que tu te sentiras bien dans ce petit village… Tu sais je sais très bien que ce n’est pas facile pour toi de tout quitter comme ça du jour au lendemain et que si tu as accepté cela c’est pour moi mais tu verras, tu t’y feras vite, j’en suis sûre, on sera bien là-bas, ce village est réputé pour être un véritable havre de paix, en tous cas il est connu comme ça dans la région.
-Écoute Maman, c’est gentil de t’en faire pour moi mais ça va aller, je te le promet. Déménager ce n’est pas une si mauvaise chose, c’est au contraire un bon moyen de repartir à zéro, de commencer une nouvelle vie. »
Elle détestait ce qu’elle venait de dire… Elle n’en pensait pas un mot. Elle savait pertinemment qu’elle ne repartirait pas à zéro et qu’elle ne pourrait jamais oublier son passé… mais si ces mots suffisaient à rassurer sa mère et pouvaient faire en sorte qu’elle aille un peu mieux alors il était nécessaire qu’elle les lui dise. La femme lui sourit, d’un sourire tendre, remplit d’amour et de gratitude mais cependant éteint… Puis, épuisée, elle s’assoupit. Maya contempla longuement le visage de sa mère. Son teint était d’une pâleur maladive, d’épaisses cernes violacées bordées ses yeux, ses joues, creusées par le chagrin, étaient couvertes de taches brunâtres et de petites rides avaient pris place aux coins de ses yeux et de ses lèvres. Le désespoir l’avait faite vieillir trop vite… Mais ainsi endormie, elle semblait en paix, ses traits étaient détendus et dénués de toutes tensions, un léger rictus se dessinait même sur sa bouche. Maya aurait aimé que sa mère ait ce visage-là en permanence… Elle était devenue si fragile, si faible, elle qui était autrefois une femme si forte et pleine de vie. Elle se souvint alors d’avant, quand son père était encore en vie. Maya adorait son père, c’était un homme juste et droit qui avait le sens des devoirs et de la famille et elle l’admirait pour ça, elle le croyait immortel, il était tout pour elle, il était son dieu… Ils étaient si heureux tous les trois, si heureux que rien ne semblait pouvoir troubler leur bonheur… Mais il avait pourtant suffit de pas grand-chose, une mauvaise chute à cheval et leur vie fut brisée…à jamais… Pourquoi cela devait-il forcément se terminer ainsi ? Pourquoi lui, pourquoi eux ? Ces questions Maya se les posait tout le temps, à chaque instant où elle pensait à son père, ces questions la hantaient mais bien sûr elle n’avait pas de réponse et cela l’enrageait encore plus ! Au début, elle avait beaucoup pleuré, hurlant et tapant des poings tout en répétant encore et encore ces mêmes questions. Puis elle avait compris que cela ne servait à rien et n'aurait sûrement pas fait revenir son père. Alors, elle avait cessé de pleurer et s'était renfermée sur elle-même, se forgeant une carapace solide, ne laissant transparaître aucune émotion. Mais ces interrogations continuaient de la tourmenter, sans répit…

Après de longues heures, qui avaient semblé être une éternité, elles étaient enfin arrivées à destination. « Nous arrivons en gare de Birdckame ! » brailla une affreuse voix dans le haut-parleur.

dimanche 21 février 2010

La Fleur du Mal...

Voilà un dessin que j'ai réalisé il y a un petit moment déjà mais je le trouve trop beau **
En fait j'ai voulu dessiné une Nymphe de la mort qui séduit et envoûtent les hommes et finit par les tuer d'une façon assez atroce. C'est pourquoi j'ai intitulé ce dessin "La Fleur du Mal"...


J'attends vos avis ;D

Coup de coeur littéraire #1

Bonjour ^^

Aujourd'hui je voulais vous parler d'un de mes coups de coeur littéraire, il s'agit de: La Forêt des Damnés de Carrie Ryan



Résumé:

Mary vit dans un village entouré de clôtures. Derrière, les « Damnés », revenus de la mort, rôdent dans la forêt, avides de chair humaine. Pas question de s’aventurer dehors, pourtant Mary rêve d’ailleurs et s’interroge sur le reste du monde : d’autres groupes ont-ils survécu au « Retour », cette infection qui fait revenir les morts sous forme de zombies ? Elle voudrait tant découvrir ce mythique océan dont lui a parlé sa mère et dont l’existence incertaine la fascine. Mais la Congrégation veille à ce que personne ne perturbe l'équilibre si fragile du village ou ne se détourne pas de Dieu. Mais depuis la mort de sa mère, Mary ne croit plus en rien et peu à peu son monde va s'effondrer...


Mon avis:

Je suis tombée sur ce livre par hasard au rayons des Twilight et autres histoires de vampires et le résumé m'a tout de suite tapé dans l'oeil ! Et je ne suis vraiment pas déçue ! Je m'attendais à du Twilight remixé mais ça n'est pas ça du tout ! Ce livre est tout simplement génial ! Tellement prenant, on arrive pas à en décoller le nez ! x3 L'histoire est vraiment extraordinaire ! C'est sombre, terrifiant, angoissant, étrange, passionnant ! Avec une histoire d'amour ensorcelante et tragique, une héroïne qui a du caractère, de la volonté, qui agit selon son coeur enfin bref ! Des histoires comme je les aime quoi ! ^^ Alors si vous aimez les livres qui vous font trembler, qui vous font peur au point que vous en aurez du mal à vous endormir, qui vous font pleurer alors ce livre est fait pour vous ! :D
En tout cas moi j'attends la suite avec impatience, normalement le tome 2 sort en mars 2010 aux Etats-Unis donc on devrait s'attendre à le voir en France cet été =)


Je vous met le trailer du livre que j'ai trouvé vraiment très bien fait (ça me donne presque envie qu'il y est un film **)




Je vous mettrais bientôt une illustration que j'ai faite =)

samedi 20 février 2010

Contes d'Outre-tombe #1

Il y a quelques temps déjà je me suis lancé dans l'écriture de contes mais des contes un peu sombres... En effet, les contes de fée j'adore ça ! Je les lis et relis toujours avec plaisir, je m'en inspire pour mes dessins, mes photos et l'écriture ^^ C'est pour ça que je me suis lancée là-dedans, en fait ce sont des contes qui s'inspirent beaucoup des contes que l'ont connaît tous mais cette fois pas de "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", j'en ai assez des "tout est bien qui finit bien" ! J'ai envie de fin tragique, de mort misérable, d'amour déçue... Et c'est donc dans cet esprit que j'ai écrit ces histoires ^^

J'espère que vous aimerez, n'oubliez pas de me donner votre avis =)

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La Noyée

La plage était encore déserte à cette heure si matinale. Seules quelques mouettes braillaient, se disputant un morceau de charogne abandonnée. L’enfant se mit à courir sur le sable humide pour les faire fuir.
"Ne cours pas comme ça, tu vas tomber !" lui cria son père.
Le ciel était gris et nuageux, il allait pleuvoir. Cela donnait à la plage une atmosphère étrange, pesante. La mer était cependant calme. L’enfant s’arrêta et regarda l’horizon puis ferma les yeux. La symphonie des vagues s’échouant timidement sur la plage et avec fracas sur la grève, l’air frais marin qui vous chatouille les narines. Il rouvrit les yeux, visiblement enchanté par le spectacle qui s’offrait à lui. Puis il se tourna vers son père avec un grand sourire.
"Oh ! Papa, s’il te plaît, raconte-moi encore cette histoire ! Tu sais celle de la princesse qui vivait dans ce château…" Il désigna du doigt les vieilles ruines grises qui surplombaient la plage du haut de la falaise.
"Encore ?! Mais tu veux que je te la raconte à chaque fois que l’on vient ici !
-Oui, mais je l’adore cette histoire ! J’aurais tellement voulu connaître cette princesse, elle devait être si belle…"
Le père sourit avec tendresse puis s’assit alors sur un rocher et fit signe à son fils de venir près de lui. Il leva la tête vers le ciel et contempla l’azur puis commença son récit comme s’il lui était soufflé par une force mystique. L’enfant se tut et écouta avec attention. L’atmosphère s’alourdit soudain comme si une malédiction s'annonçait.
"Oh oui ! C’était une jeune fille très belle ! La plus belle du royaume disait-on. Elle était douce, gentille et généreuse. Mais, malheureusement, elle ne parlait pas… Personne ne pouvait expliquer de quel mal elle souffrait, elle était muette et s’en était ainsi. Alors tout le monde la considérait comme une simple d’esprit. Pourtant, son père décida malgré tout de la marier. Il espérait lui trouver un mari bon et attentionné qui prendrait soin d’elle et qui l’aimerait malgré son handicap. C’est alors qu’il la présenta au Prince de ce château. Le Prince fut tout de suite subjugué par la beauté de la jeune femme et en tomba éperdument amoureux si bien que même après avoir appris qu’elle ne parlait pas il voulu tout de même l’épouser. Leur mariage fut donc célébré et les jeunes amants coulaient des jours heureux dans leur palais d’argent. La belle exprimait son amour au Prince par des gestes, des présents, des sourires, des regards… Tous deux étaient fou l’un de l’autre. Seulement, les mois passèrent et le Prince commençait à se lasser de ne pas pouvoir conversée avec sa bien-aimée, de ne pas pouvoir partager avec elle ses soucis, l’entendre dire des paroles réconfortantes ou de bons conseils. Il dépérissait de jour en jour, partager entre son amour pour elle et sa souffrance psychique. La jeune fille voyait tout cela et essaya de se montrer plus présente et plus aimante mais rien n’y faisait, le Prince demeurait dans le même état. Un jour elle tomba, par hasard, sur un vieux violon. Elle eut alors l’idée d’apprendre à en jouer, dans l’espoir qu’elle puisse parvenir à atteindre le cœur de son amant par le musique. Mais pendant ce temps, l’état du Prince ne cessait de se dégrader. Une nuit, alors qu’il se promenait le long de la plage comme il le faisait chaque soir pour ainsi se vider l‘esprit, il entendit un chant cristallin et envoûtant au loin. Fasciné par cette voix d’ange, il chercha d’où celle-ci pouvait bien provenir. C’est alors qu’une jeune fille apparut devant lui. Il lui demanda d’où elle venait et qui elle était, elle lui expliqua qu’elle était la fille d’un noble et qu’elle s’était enfuit de chez elle car son père voulait la marier à un homme cruel. Prit de pitié, le Prince décida de la ramener au château et de l’héberger pour la nuit. Le lendemain, la jeune fille croisa la maîtresse du château et fut surprise, le Prince la présenta donc à son épouse. La jeune fille, qui était loin d’être timide, prit alors le Prince à part. "Ton épouse est muette ?" Lui demanda-t-elle "alors, comme je te plains… tu dois être fort malheureux…" Sur ces paroles, le Prince s’effondra: "Oh oui je suis tellement malheureux ! Renchérit-il, j’aime ma femme mais ne rien pouvoir lui confier, tout porter sur mes épaules…c’est trop dur !" "Alors pourquoi ne te choisirais-tu pas une nouvelle épouse ?" Reprit-elle, intéressée, "mais je ne peux pas lui faire ça ! Je ne veux pas la faire souffrir, je l‘aime…" "Alors tu n’as qu’à prendre une confidente, quelqu'un avec qui tu partagerais tes soucis, tes angoisses, et…si tu me le permet je suis prête à assumer ce rôle. "Et que me demanderas-tu en échange ?" "Oh rien, répondit-elle, être près de toi me suffit déjà amplement". Le Prince accepta bien sûr avec plaisir et ils devinrent vite très proches au point qu’ils passaient la majeure partie de leur temps ensemble à discuter de choses et d’autres, à plaisanter, à jouer et parfois même, elle chantait pour lui. A son contact, l’état du jeune homme semblait nettement s’améliorer. La pauvre épouse observait leur rapprochement en silence. Son mari la délaissait désormais, livrée à sa solitude et son chagrin. Seul son violon lui permettait de ne pas se laisser sombrer. Et, seule, dans sa chambre, elle jouait du matin jusqu’au soir, emportée par une transe, son unique échappatoire et elle s’y donnait corps et âme. Ce que son cœur ne pouvait exprimer par sa voix, il l’exprimait pas la musique. Et l’air résonna dans tout le palais. Tous furent ému par la complainte de la Princesse, certains versèrent même quelques larmes. C’est alors que la mélodie sublime parvint jusqu’au Prince. "Quelle musique bouleversante ! Si triste et pourtant pleine de noblesse s’exclama-t-il, qui donc est-ce qui joue cela ?" Demanda-t-il, "mais Sire, c’est la Princesse. La Princesse ?" S’étonna-t-il, "mais depuis quand joue-t-elle du violon ?" "Depuis qu’elle sait votre malheur Sire…" Le Prince ne prit cependant pas conscience de sa profonde souffrance et continua à badiner avec sa jeune compagne, qui, elle, avait très bien compris ce qui tourmentait la Princesse mais, folle de jalousie, elle tenta par tous les moyens de détourner l’attention du Prince. Mais celui-ci ne pouvait s’empêcher de songer à celle qu’il n’avait jamais cesser d’aimer et qu’il avait lâchement abandonnée à son triste sort. Et un soir, alors qu’il arpentait la plage au bras de sa bonne amie, il entendit de la musique parvenir à ses oreilles. Il ferma les yeux. "Quel son divin pensa-t-il à voix haute, elle n’a jamais si bien joué…" Il venait en fait de comprendre ce que sa bien-aimée tentait en vain de lui dire, sa mélodie avait enfin toucher le cœur du Prince. C’est alors que, submergé par l’émotion, il rentra en vitesse au château pour aller retrouver la belle et lui dire combien il l’aimait. "La Princesse, où est-elle ?" Demanda-t-il à sa servante, "elle est dans sa chambre Sire, mais elle ne veut pas être dérangée." "Fort bien ! Si c’est moi elle ne dira rien… mais qu’a-t-elle ?" "Oh Sire… la Princesse est très malheureuse depuis quelques temps…" "Ah bon ? Mais pourquoi cela ?" "Comment Sire ?! Vous ne vous en doutez pas ? C’est de votre manque de présence et de tendresse dont elle souffre !" "Mais je n’ai jamais eu l’intention de la délaissée, s’exclama-t-il, c’est elle que j’aime et point cette autre femme qui a tout fait pour m‘éloigner d‘elle ! D’ailleurs je demande à ce qu’on la fasse partir sur le champs, qu’elle disparaisse de ma vie !" La Princesse, surpris quelques bribes de la conversation mais compris de travers, qu’il ne l’aimait plus, qu’il aimait cette autre jeune fille et qu’il voulait que ce soit elle qui disparaisse de sa vie. A ces mots, la pauvre fille s’écroula sur le sol, les larmes ne s’arrêtaient plus de couler sur ses joues creusées par le désespoir, s‘en était fini cette fois, elle ne pourrait s‘en relever. Le lendemain, on la retrouva morte, noyée. Son corps, échoué sur la plage, était encore vêtu de sa robe de mariée flottant au gré de l‘onde. Le Prince se rendit alors compte qu’il avait beau ne pas être muet, il était pourtant sourd et aveugle car il ne sut comprendre la détresse de son épouse. Il ne put jamais se remettre de la mort de sa bien aimée et, rongé, par le chagrin et la culpabilité, il s’empoisonna quelques jours plus tard…"
L'homme qui n'avait cessé de regarder le ciel, baissa alors les yeux vers son fils. L’atmosphère s’apaisa comme si la malédiction était levée. Il sourit à l’enfant, béa du récit que venait de lui conter son père.
"C’est une magnifique histoire !" Réussit-il enfin à décrocher.
"Oui… et t’ai-je déjà raconté pourquoi cette plage s’appelait la Crique de la Sirène ?
-Non…
-Car on raconte que, depuis cette histoire, on entend au loin une douce mélodie avertissant les amoureux transit qui oserait s’aventurer la nuit sur cette plage. Certains auraient même déjà vu flotté parmi les algues, un voile de mariée…."


D'autres contes bientôt...