samedi 24 juillet 2010

Le Vierger - Chap. 2 #1

II Ange

A la suite de cet événement, pas un jour ne se passait sans que Maya ne songea à ce qu‘elle avait vécu. Elle ne savait plus si tout cela avait était réel ou si elle l’avait rêvé. Tout était confus dans sa tête. Une chose était certaine: elle était bien descendu au village ce jour-là, sa mère le lui avait confirmé mais ensuite ce qu’elle y avait fait, elle n’en était plus tout à fait sûre… Avait-elle vraiment traversé cette petite rue si lugubre et avait-elle vraiment vu cette gigantesque demeure avec son splendide jardin ? En y repensant, il était vrai que l’atmosphère y était pesante et vaporeuse, comme dans un rêve. Mais la chose qui la troublait le plus était cet individu si mystérieux qu’elle avait aperçu. Il était si beau... Ces traits figés et parfaits, d’une beauté à la fois fascinante et glaciale. Dans son esprit, l’image qu’elle avait de lui était celle d‘un ange. Non, il ne pouvait pas être réel. Et pourtant, elle se souvenait avec exactitude ce qu’elle avait ressenti en l’apercevant, un mélange de peur et de fascination, elle se souvenait encore de la sensation de son cœur battant la chamade si fort qu’elle cru qu’il allait jaillir de sa poitrine. Jamais son cœur n’avait battu si fort… Ne pas savoir si oui ou non elle avait vécu tout ça la rendait folle. Elle s’était enfermée dans sa chambre. Couchée sur son lit, elle restait des heures à essayer de se souvenir et plus elle y songer, plus cet inconnu envahissait ses pensées jusqu’à ce qu’elle ne pense plus qu’à lui. En réalité, il l’obsédait. Elle voulait tout savoir de lui, tout connaître: qui il était, quel était son nom, si ce somptueux domaine lui appartenait, ce qu’il faisait dans la vie etc. Toutes ses questions lui brûlaient les lèvres, elle voulait savoir et c’était une soif qu‘il lui fallait assouvir…
Sa mère n’était au courant de rien. Bien qu‘elle se fit du soucis pour sa fille, celle-ci ne daigna rien lui dire, elle n’avait pas voulu la mettre dans la confidence, elle voulait que cela reste secret, un secret qu’elle ne partageait qu’avec lui et lui seul. Elle ignorait la raison de sa fascination pour cet homme mais celle-ci ne cessait de croître. Et peu à peu elle ressentait un réel besoin de le revoir…
Alors chaque jour, lorsqu’elle se promenait dans le village comme à son habitude, elle retournait à l’endroit qu’elle avait découvert quelques jours auparavant, preuve que, cela au moins, elle ne l’avait pas imaginé… Elle s’arrêtait devant la petite rue sombre, le vent s’y engouffrait avec un sifflement aigu. C’était comme si la rue l’appeler, qu’elle voulait l’attirer vers elle, l’aspirait. Et malgré son irrépressible envie d’obéir au chant du vent, elle se résignait toujours à y retourner car en vérité elle avait peur… Non pas peur que toutes ces choses étranges et inexplicables ne soient réelles mais justement peur ce ne soit pas réel et que tout cela n‘existe que dans son esprit. Oui, c’était cela sa plus grande angoisse, que cet endroit qui la fascinait tant n‘existe pas, que lui n‘existe pas. C’est alors qu’un jour, l’envie d’en avoir le cœur net fut trop forte et elle décida d'y retournait.

***
Comme elle pouvait s’y attendre, la rue était déserte. Elle la traversa avec prudence. Ses jambes semblait la porter toutes seules. Elle fut un peu rassurée de voir que le lieu lui paraissait familier et identique à l’image qu’elle en avait. Cela prouvait au moins qu’elle ne l’avait pas inventer. Lorsqu’elle arriva sur la petite route de cailloux blancs, le brouillard s’intensifia. Elle marcha d’un pas prudent mais décidé jusqu’à la demeure. A sa grande surprise, elle ne sembla pas perdue et savait exactement où est-ce qu’elle allait. Mais elle n’eut pas le temps d’arriver à la propriété qu’il était déjà là, au milieu du chemin. Malgré l’épaisse brume, il semblait l’avoir entendue arriver car il la fixer de son regard de braise. En l’apercevant, elle s’arrêta, son rythme cardiaque s’accéléra, les muscles de son visage se crispèrent, ses membres se paralysèrent. Son cœur s’emplit alors de joie. Il était bel et bien réel. Au fond d’elle, elle était soulagée mais elle ne parvint cependant pas à sourire tant être face à lui la mettait mal à l'aise. Elle serra les poings s‘attendant à ce qu‘il dise quelque chose, qu’il l’interroge ou la salue mais il n’en fit rien, il restait là, statique, à la regarder silencieusement, un léger sourire se dessinait sur ses lèvres tandis qu’elle sentait une vague d’angoisse la traverser, de grosses gouttes de sueur roulèrent dans son dos et sur son front. Alors, elle serra plus fort les poings et inspira profondément afin de se donner du courage. D’une voix hésitante, elle souffla un « bonjour », l’homme leva la tête quelque peu surpris puis lui sourit. Son sourire avait quelque chose de dérangeant, d’inquiétant. Elle se risqua à le regarder dans les yeux. Son regard se perdit dans les ténèbres de ses prunelles et c’est comme si d’un regard il avait aspirait tout son être. Elle ne sentait plus son corps, semblait flotter. Elle cligna un instant des paupières et c’est comme si le temps s’était arrêté, elle avait tout oublié, il n’y avait plus qu’eux deux, seuls et plus rien d'autre n’existait. Un autre battements de cils et une image lui apparut devant les yeux, leurs corps s’enlaçaient, leurs bouches s’embrassaient avec fougue. Cela semblait si réel, elle avait conscience que ce n’était qu’une image mais elle ressentait la sensation de son corps contre le sien et de ses lèvres sur les siennes, ce baiser brûlant, passionnel, le plaisir que cela lui procurait et son cœur qui battait à une vitesse affolante. Elle cligna une ultime fois des paupières et la réalité refit surface. Le sang lui monta aux visage, son souffle se fit court. Que venait-il de se passer ? Elle regarda son interlocuteur, décontenancée, cherchant une réponse mais lui restait impassible, comme si rien n‘avait eu lieu… Donc, ce n’était que son imagination… mais pourquoi était-ce si réel… Elle réalisa cependant que cette image était le reflet de son désir profond… Elle baissa les yeux, gênée. En attendant, une ambiance vaporeuse, fiévreuse s’était désormais installée autour eux. Maya tremblait, ses jambes semblaient être de coton et sa tête, peser une tonne.
« Bonjour. » Lui répondit-il à son tour. Sa voix était sensuelle et veloutée, un doux baryton qui résonna aux oreilles de la jeune fille telle une douce mélodie qui la fit frémir de plaisir. Un petit sourire espiègle flottait sur son visage.
« Vous venez d’arriver dans la région n’est-ce pas ? Reprit-il.
-Oui, souffla-t-elle, elle était intimidée mais sembla soudainement plus à l‘aise, elle réussit à articuler quelques mots. Comment le savez-vous ?
Il rit avec légèreté.
-Eh bien, je ne vous avez encore jamais vu par ici, tout simplement. Alors comme ça mon domaine vous plaît ?
Elle le contempla, interloquée. Les muscles de ses bras étaient encore tendus. Comment savait-il que son domaine lui plaisait ? Elle ne l’avait pourtant jamais mentionné…
« Oh…oui, c’est un endroit splendide. Et puis, quel contraste avec l’atmosphère lugubre du village.
-Oui, c’est vrai, dit-il avec un sourire. Voulez-vous que je vous fasse visiter ?
Cette question la mise mal à l’aise, elle frissonna. Pourquoi voulait-il faire visiter son domaine à une parfaite inconnue ? Par simple politesse ou avait-il des arrières pensées ? Elle le regarda, il la fixait en souriant, attendant une réponse. Son sourire la charma, quel homme aimable ! Qui pouvait croire qu‘il était mauvais ? Bizarrement, elle avait confiance en lui. Elle inspira profondément et lâcha un timide « oui ». L’homme sourit, de son sourire si surréaliste qu’il aurait pu faire fondre même la pire des mégères. Il s’avança alors jusqu’à l’entrée du domaine et s’enfonça dans la grande allée. Elle le suivit. Tout en marchant, elle admirait les parterres de fleurs de toute beauté. Rien qu’à les regarder, un doux sourire flottait sur son visage. Voir de belles fleurs la mettait de bonne humeur. Les roses rouges attirèrent tout particulièrement son attention. Ce qu’elles étaient magnifiques ! Comment des roses pouvaient-elles être d’un tel éclat ! Cet homme devait être un magicien. Sans s’en rendre compte, elle s’arrêta devant les rosiers, humant le parfum qui s‘en dégageait..
L’homme s’approcha d’elle.
« Vous aimez ? » lui demanda-t-il de sa voix suave qui la fit frémir.
Il se pencha alors vers les rosiers et coupa une fleur. Elle le regarda faire. Puis il se releva et lui tendit la rose.
« Tenez, elle est pour vous. »
Elle regarda la fleur, surprise, puis le regarda lui. Elle rougit légèrement. Ce geste lui fit énormément plaisir.
« Mer…merci. Murmura-t-elle sans oser le regarder dans les yeux. C’est la première fois que l’on m’offre des fleurs, surtout une rose rouge c’est…c’est une fleur très…spéciale. »
Elle la lui prit des mains. Leurs doigts se frôlèrent. Elle tressailli. Le contact de sa peau sur la sienne était exaltant. Ses joues s’empourprèrent. Elle contempla la rose. Elle était d’un rouge éclatant et ses pétales pareil à du velours. Elle porta la rose à son visage pour en sentir l‘arôme. Il était doux et sucré, elle ferma un instant les yeux et sourit. L’homme se pencha alors vers elle.
« De rien. » lui susurra-t-il à l’oreille.
L’adolescente frissonna. Son souffle frais lui chatouilla les narines, son odeur était enivrante. Elle sourit, extasiée.