dimanche 6 juin 2010

Le Vierger - Chap. 1 fin

Tous les jours, Maya se rendait au village, histoire de se distraire et de prendre l’air mais surtout de pouvoir observer les villageois, comprendre pourquoi les gens d’ici étaient si curieux et cela l’enthousiasmait tout particulièrement, elle semblait avoir trouver de quoi occuper ses journées si monotones. A chaque fois, elle ne croisait pas grand monde… Les rues étaient désertes, elle ne voyait passer aucune voiture, toutes les fenêtres des maisons avaient les volets fermés, les commerces ouverts étaient rares et très peu fréquentés. La ville paraissait morte.
Parmi les gens qu’il lui arrivait de rencontrer, aucun n’avait l’air souriant ou sympathique, tous étaient moroses et marchaient avec nonchalance, en traînant des pieds, ils semblaient sans vie, comme animés par une force mystique. Maya avait toujours été rationnelle et gardait les pieds sur terre mais, et elle ignorait pourquoi, les fantômes avaient toujours étaient sa grande hantise, elle avait beau se convaincre de leur inexistence elle ne pouvait s’empêcher d’en avoir le doute et cette fois-ci il lui était difficile de ne pas reconnaître que ces gens-là lui donnait la désagréable impression d’être des revenants… Elle avait tenté de les saluer mais n’avait eu droit en réponse qu’à des regards d’une noirceur glaciale, remplis de crainte. Pas un seul n’avait daigné lui répondre, ils baissaient la tête et passaient leur chemin comme si de rien n’était. Et si elle avait affaire à une ville fantôme ? A cette pensée, un frisson parcouru tout son corps. « Tu parles d’un havre de paix ! Pensa-t-elle, ce village n’a rien d’attirant ou d‘accueillant, il est surtout terrifiant… » Elle avait alors décidait de mener sa petite enquête. Elle voulait trouver une explication logique, une explication rationnelle, elle voulait être certaine que tout cela n’avait rien de surnaturel, qu’il n’y avait ni fantôme, ni malédiction et que ce n'était que le simple fruit de son imagination débordante. Chaque jour, elle arpentait donc les vieux trottoir pavés du petit village à la recherche de la moindre piste. Elle préférait encore savoir qu’un tueur en série sévissait dans les parages plutôt que de découvrir que cet endroit était vraiment hanté… Il fallait qu’elle interroge les habitants, sans doute étaient-ils les mieux placés pour la renseigner.
Elle croisa, un jour, une vieille dame au teint palot mais qui avait l’air plus avenante que toutes les personnes qu’elle avait croisé jusqu’à présent. Elle l’arrêta en posant sa main sur son bras maigre.
- Excusez-moi, madame… lui dit-elle d'un ton très poli.
Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que la vieillarde, repoussant brutalement la main de Maya, la regarda droit dans les yeux et lui dit d'un ton presque méprisant mais surtout empreint d'une angoisse imcompréhensible.
- Tu ne dois pas rester ici, les jeunes filles comme toi ne doivent pas sortir seules. Va-t’en, rentre chez toi et ne remet plus jamais les pieds ici ! Elle parlait tout bas, comme si personne ne devait entendre. Puis elle s’en alla à toute hâte sans attendre la réaction de la jeune fille, regardant nerveusement autour d'elle comme pour s'assurer que personne n'avait été témoin de la scène. Maya frémit. Était-ce une mise en garde ? Fallait-elle qu’elle la prenne au sérieux ? En tout cas, cela la conforta dans son opinion, il se passait des choses bien sombres au village, à tel point que les gens en étaient terrorisés et osaient à peine mettre un pied dehors… Mais cela n’arrêta pas l’adolescente, son désarroi était si grand et sa vie avait tellement peu de sens que le danger ne l’effrayait désormais plus. Au contraire, elle aimait aller jusqu’au bout de sa peur, la surpasser. Cette montée d’adrénaline dans le sang, son rythme cardiaque qui s‘accélérait, ces frissons qu’elle ressentait lorsqu’elle s’aventurait dans les rues isolées et sinistres, c’était ce genre de sensations qu’elle recherchait parce que cela lui rappelaient à quel point elle était vivante.

***

Un après-midi, alors qu’elle effectuait sa promenade quotidienne, elle se retrouva, par hasard, dans un quartier où elle n’avait encore jamais mit les pieds. Elle s’arrêta, elle était quelque peu désorientée. Elle pensait pourtant avoir visiter le village dans ces moindres replis. Ce coin était encore plus désert et angoissant que tout le reste du village. Elle resta immobile un instant, effectuant des tours sur elle-même afin d’inspecter les alentours. Elle pensa un moment rebrousser chemin mais son goût pour le risque pris le dessus et elle décida de poursuivre sa route. Là, il y avait une petite rue étroite et sombre, le vent s’y engouffrait provoquant un courant d’air frais, chargé de poussière. Maya s’y engagea. La rue était recouverte d’une épaisse brume blanche, elle ne pouvait pas voir à plus d’un mètre devant elle et avançait d’un pas prudent. La rue semblait bordé d’habitation, de vieilles maisons en pierre noires. Elle se demanda sérieusement qui pouvait vivre dans un tel endroit. La voie déboucha ensuite sur un chemin de gravier blanc. Autour d’elle, la brume s’était encore épaissie ne lui permettant même plus de distinguer ce qui l’entourait à part quelques ombres, très certainement celles d’arbres, et les petits cailloux blancs sous ses pieds. Elle continua cependant d‘avancer, sans se retourner. L’endroit était très isolé, comme si toutes formes de vie y avait disparues. Elle se rendit vite compte que ce chemin l’éloignait du village. Elle hésita à faire demi-tour, une partie d’elle-même lui criait de s’enfuir à toute jambe tandis que l’autre la poussait à continuer. C’était finalement la seconde option qui l‘emporta et elle s‘enfonça dans la brume, toujours d’un pas prudent mais cette fois déterminé.
Alors qu’elle marchait, quelque chose attira son regard. Le paysage semblait avoir changé. Une ombre noire d’une taille importante se dessinait à travers la nuée. Ce n’était pas celle d’un arbre. Elle avança encore avec prudence jusqu’à ce qu’elle pu distinguer ce à quoi correspondait l’ombre. Elle découvrit alors avec ébahissement une gigantesque demeure qui se détachait dans le brouillard. C’était une vieille bâtisse, toute blanche, dans un style néo-orléanais. Devant, il y avait une allée qui, très certainement, s‘avançait jusqu'à l‘entrée de la maison. Il n’y avait ni clôture, ni portail délimitant le terrain ou signalant l‘entrée dans une propriété privée. Au début de l‘allée, était seulement plantée une vieille pancarte en bois sur laquelle était gravé en caractère grossier «Le Verger», sans doute était-ce le nom de cette propriété. Maya s’avança sans hésitation dans l’allée, prise d‘une irrésistible curiosité. Elle constata à mesure qu’elle marchait, que le brouillard s’était nettement désépaissi. Elle pris alors le temps de contempler les alentours. Bien que l’endroit sembla inhabité, il était pourtant très bien entretenu. En effet, la demeure était entourée d’un immense jardin très soigné: des haies, taillées avec une redoutable précision, bordées l’allée, juste devant il y avait des parterres de fleurs exotiques, aux couleurs vives et chatoyantes et des rangées de cyprès hauts et très parfumés, délimitaient plus ou moins la jardin. Mais ce qui retint le plus l’attention de Maya était ces carrés de rosiers disposés de façon symétrique de chaque côté de l’allée. Les roses étaient d’une telle beauté, elles semblaient de velours et étaient d’un rouge lumineux et éclatant ce qui était presque choquant en comparaison de la perpétuelle grisaille qui recouvrait les lieux. Au fond, derrière le jardin, il y avait des arbres fruitiers, verts et très feuillus, ce devaient être des pommiers, les fruits y paraissaient énormes. Maya fut fascinée par telle splendeur, elle resta là quelques instants à admirer ce tableau parfait qui avait presque quelque chose de féerique. Elle ferma les yeux et inspira profondément, laissant l’arôme velouté des roses l’enivrer. Elle n’avait pas vu pareille merveille depuis bien longtemps, en fait la dernière fois qu’elle avait vu un tel paysage c’était lorsqu’elle était partie se balader à la campagne avec son père, elle devait avoir pas plus de douze ou treize ans. Il faisait chaud ce jour-là, c’était l’été et les champs étaient verts et fleuris. Elle se souvint alors, avec mélancolie, sa réaction démesurée lorsqu’elle avait vu un papillon, il était énorme et coloré. Les yeux écarquillés et la bouche en cœur, elle avait essayé de l’attraper en lui courant après avec ses souliers à talon et sa robe qu‘elle s‘efforçait de ne pas piétiner en la tenant remontée. Son père avait ri d’elle ce qui l'avait un peu vexée, elle lui avait demander ce qui le faisait tant rire, il avait simplement répondu que c’était parce qu’il la trouvait tout à fait adorable, sa moue boudeuse s’était alors dissipait et tous deux s‘étaient esclaffés.
Sortie de sa rêverie, elle voulut visiter un peu les lieux, elle fit quelque pas hésitants dans l’allée puis regarda à gauche, à droite puis derrière elle et ne voyant personne aux alentours, elle décida de s’aventurer dans la propriété. Elle avait très envie de découvrir qui pouvait bien vivre dans un tel endroit, elle voulait voir à quoi cette personne ressembler, si elle était accueillante, à l’image de sa propriété ou plutôt étrange à l’instar des villageois. Et cette curiosité l’obsédée, une frénésie qu’elle ne sut expliquer et à laquelle elle ne pouvait résister. Mais à peine avait-elle fait cinq pas qu’elle aperçut une silhouette sombre dans l’allée. C’était celle d’un humain sans aucun doute. Elle aurait pourtant juré qu’un instant auparavant il n’y avait personne mais avec tout ce brouillard difficile d’en être sûre… Elle fit encore quelques pas jusqu'à distinguer parfaitement l‘homme qui se tenait devant elle. Elle se figea. Il s’approcha d’elle et elle put alors discerner son visage. C’était un homme d‘une vingtaine d‘années en apparence. Il était d’une beauté troublante, presque qu’effrayante. Il avait le teint blafard, ses cheveux clairs, mi-longs, flottaient au vent, laissant apparaître des traits fins et une mâchoire carrée. Ses yeux était d’un noir d’encre et ses lèvres, fines et lisses, avait une étrange teinte rouge qui contrastait avec la pâleur maladive de son visage. Son corps semblait à la fois mince mais costaud, il était assez grand et vêtu de façon très élégante bien que démodée. Il se tenait droit, le torse bombé. Il la regardait fixement, d'un air grave. Il avait l’allure d’un fantôme. Maya était paralysée de stupeur. Elle regarda longuement l’inconnu, déconcertée et interloquée, c’était comme si ces yeux l’aspiraient, l’hypnotisaient. Etait-elle victime d’une hallucination ? L’homme paraissait si irréel. Il restait immobile et silencieux, pareil à une statue de marbre, se contentant de lancer vers elle des regards insistants qu‘elle ne sut décrypter. Elle reprit alors ses esprits, son cœur eu un sursaut d’effroi. Elle se détourna brusquement du visage de l‘homme et prit soudain conscience qu’elle était sur une propriété privée, sûrement la sienne, et qu‘elle n‘avait rien à y faire. Elle regarda derrière elle, s’enfuir était sans aucun doute la meilleure solution. Elle promenait nerveusement ses yeux sur l’inconnu, ne voulant croiser son regard, elle ne savait quoi lui dire, aucun mot ne voulait sortir de sa bouche, puis, prise de panique, elle tourna les talons et s’enfuit en toute hâte en direction du village.

3 commentaires:

  1. Une suite, encore très passionnante, envoutante, avec un nouveau personnage très intriguant et qui a l'air beau *o*
    On te retrouve dans le détail du temps indéfini. On aime beaucoup s'imaginer dans un monde que l'on adapte à notre imaginaire ~
    Franchement, c'est trop pas gentil de nous laisser qu'avec des petits bouts de temps en temps... Allez, plus vite !

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  2. C'est vraiment superbe !
    J'adore cette histoire et ce nouveau personnage m'intrigue beaucoup !

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  3. Un passaggio per un salutino
    Gio'

    http://remenberphoto.blogspot.com/

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